Nous sommes la famille Lagache. Quand je dis « nous » je parle de mon épouse, mes trois enfants et moi. Nous avons décidé de tout quitter en France, c’est-à-dire nos emplois, notre maison que l’on venait juste de rénover, nos amis et notre famille. Tout cela s’est passé en 2019, lorsque l’on a fait un voyage à Madagascar en famille. On s’est retrouvé avec des enfants des rues qui vivaient dans des conditions de vie terrible et un enfant de cinq ans a retenu notre attention. Il avait son petit frère sur lui et je lui ai demandé « Où est ta maison ? Et où sont tes parents ? » Et il m’a répondu « ma maison est ici et mes parents sont morts » et dans la foulée, il nous a dit « je suis un misérable ». Et c’est cette phrase-là qui nous a fait un électrochoc. Ma femme pleurait et demandait à ce que je fasse quelque chose. Je lui disais qu’on ne pouvait rien faire et autour de nous, il y avait des centaines d’enfants dans le même cas. Et je lui ai dit, si on fait quelque chose, il faut qu’on change de vie. Et on a longuement réfléchi, les deux semaines qui ont suivi. Dès lors que l’on est rentré en France, nous avons entamé les cartons et on s’est dit « on part et on fait quelque chose. Trois mois après, on était à Madagascar.
De mon côté j’étais professeur d’activité physique adapté et pompier volontaire en même temps. Ma femme Séverine, quant à elle, était interprète pour les personnes atteintes de surdité.