Julien Hasselot - Directeur du SAM

Chapo

Julien Hasselot a travaillé pendant plus de 15 ans dans l’industrie automobile. Après avoir parcouru le monde pour le compte d’un équipementier américain, il a souhaité, à ses 40 ans, revenir dans sa ville d’origine : Bordeaux. Depuis Julien travaille dans le monde associatif sportif, où il a débuté à la Villa Primrose, pour devenir, il y a 6 ans, Directeur du SAM – Sport Athlétique Mérignacais, club omnisports qui compte 7500 adhérents, 29 sections et 70 sports.

Quelle est la vision, l’ambition du SAM ?

Ce que nous essayons de faire avec le SAM c’est cumuler le fait de fonctionner comme une entreprise et garder des valeurs associatives. 

Dans le monde associatif lorsque l’on mentionne les termes professionnalisation, entreprise, recettes, prestations, ils peuvent être mal compris, pourtant aujourd’hui au SAM, avec un budget de fonctionnement de 4 millions d’euros, 70 salariés et 7500 adhérents/clients qui nous font confiance, nous sommes obligés de mettre en place un certain nombre de processus que l’on retrouve en entreprise. Cela n’empêche pas que l’association soit gérée par des bénévoles, des salariés, nous créons du lien, partageons des moments conviviaux. Le monde associatif et de l’entreprise ne sont pas incompatibles. Grâce à mon parcours j’ai pu acquérir un certain nombre de bons réflexes qui m’aident, aujourd’hui, à faire cohabiter ces deux univers.

La vision du club est assez portée vers l’entreprise. Nous sommes dans une situation, d’un point de vue subventions, qui n’est peut-être pas la meilleure de la vie d’un club de sport et le monde de l’entreprise est l’une des pistes qui nous intéressent. Nous vendons donc des prestations comme avec notre branche cohésion sociale où nous intervenons dans des maisons de retraite pour faire pratiquer du sport aux plus âgés. 

La vision que nous avons du club est celle d’un club proche de son environnement. Nous nous voyons comme un club citoyen et solidaire et pas uniquement comme un club de sport. 

Récemment, le SAM et Valeurs de Sport (le fonds de dotation créé par le club) ont lancé un grand appel à l’aide pour deux associations qui manquent d’équipements de protection individuelle dans la lutte contre le covid19. Il faut aussi savoir que la moitié de nos adhérents à moins de 18 ans et lorsqu’ils viennent pratiquer un sport au SAM nous sommes là pour les rendre les plus performants possible mais cela implique également des dimensions citoyenne et éducative. Avec tout ce qu’il se passe dans le monde, il nous semble important de mettre l’accent sur ces deux points pour des entités comme la nôtre ou comme l’ESG Sport, pour être le relais des bonnes pratiques pour les années à venir.

Est-ce que la formation des jeunes fait partie des valeurs du SAM ?

Nous sommes un club purement amateur. Nous avons 29 sections sportives, 70 disciplines et aucun contrat professionnel. C’est un choix qui a été fait longtemps par la direction, la volonté étant de se dire que nous sommes là pour accompagner et former des amateurs. Il y a deux grandes sections qui ne font pas partie du SAM aujourd’hui, le handball et le rugby, qui signent des contrats professionnels.

De fait, en se positionnant uniquement sur le sport amateur, la partie formation est un des piliers du club. Notre ambition est de mener les jeunes vers le plus haut niveau possible en les formant les mieux possible pour qu’ils aient la possibilité d’être par la suite recruté par des clubs qui pourront les accueillir et les faire progresser d’autant plus. 

Nous pouvons citer l’exemple de Eli Okobo, meneur aux Suns de Phoenix en NBA, qui est passé par le SAM. 

La formation est l’un des trois axes de soutien de notre fonds de dotation Valeurs de Sport, avec la performance et l’insertion. Grâce à ça nous pouvons accompagner des sportifs très performants, qui auront fait leurs preuves, dans différents domaines. Valeurs de Sport prend en charge financièrement leur suivi médical ou du soutien scolaire par exemple.

C’est important pour nous d’être en contact avec notre environnement. L’ESG Sport, comme d’autres écoles ou centres de formation, fait partie de notre environnement. C’est donc une évidence que nous soyons en relation avec un tel acteur. Aujourd’hui nous travaillons avec le CREPS, Aquitaine sport pour tous et deux établissements scolaires dans le cadre d’un programme Sport Collège et Sport Lycée. Le monde de l’éducation est naturellement un des partenaires forts du SAM. C’est important d’être au contact des jeunes parce qu’ils nous challengent, nous donnent des idées, nous bousculent. Raison pour laquelle nous travaillons déjà beaucoup avec des étudiants (Digital Campus pour un projet vidéo, ESG Sport pour l’évènement Samily Days au profit du fonds de dotation). Ce que j’aime dans le cadre de ce lien que nous avons avec les étudiants de l’ESG Sport c’est que l’on peut découvrir des personnes qui, même si elles sont très jeunes, sont déjà très professionnelles. Elles vont nous apporter des idées, des choses qui vont nous faire réfléchir. Ce que nous allons pouvoir leur apporter en contrepartie c’est de l’accompagnement dans leurs missions, leurs idées. Pour moi notre rôle d’accompagnateur est important.

Quel rôle joue le SAM dans l’accompagnement des sportifs qui souhaitent faire cohabiter pratique sportive et études ?

Nous travaillons avec deux structures sport collège et sport lycée. En tant que club nous avons négocié que ces jeunes puissent avoir des horaires aménagés afin de pouvoir se consacrer à leur pratique sportive. Nous avons notamment des nageurs ou des gymnastes qui font 20 à 25h d’entrainement par semaine. Pour ces jeunes un partenariat a été noué avec leur collège, leur lycée pour qu’ils bénéficient d’un soutien scolaire. Il est important que le sportif puisse consacrer beaucoup de temps à sa pratique mais un jour, quand le sport va s’arrêter, il faudra rebondir. Il nous semble donc capital en tant que club, et toujours dans cette démarche citoyenne, de bien faire prendre conscience à ces jeunes que c’est une bonne chose de faire du sport mais pas au détriment d’une formation. Cela demande beaucoup de sacrifices mais c’est possible. Valérie Barlois Leroux, notre marraine du fonds de dotation, escrimeuse et championne olympique à Atlanta en 1996, a réussi à cumuler une pratique sportive de très haut niveau et une carrière brillante chez Bouygues construction. Dès le démarrage de Valeurs de Sport elle nous a dit « C’est bien de gagner des médailles olympiques mais avec du recul il nous semble peut-être plus important d’avoir pu prendre le temps, à l’époque, de cumuler la pratique et l’éducation ».